Depuis les années 70, Judy Rebick est le visage des luttes féministes au Canada. Pour Mike Hoolboom, elle est davantage une « archive vivante » de l’activisme et des luttes pour les droits de toutes les minorités, ainsi qu’une femme exceptionnelle qui a défié toute sa vie ses propres traumas. Leur relation privilégiée a donné naissance à ce film foisonnant, hybride créatif entre le documentaire et l’expérimentation. Un travail colossal d’archives et d’images Super 8 montées, remontées, travaillées et reliées en six chapitres par une narration poignante.
Réalisateur | Mike Hoolboom |
Acteur | Claire Valade |
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Le cinéma de Mike Hoolboom a beau être ancré dans la mouvance expérimentale du médium, avec ses kaléidoscopes d’archives visuelles retravaillées, ses éclats de lumière et ses plongées dans la poésie des assemblages d’images superposées, il reste que c’est loin d’être un cinéma factice et bêtement esthétique, tourné vers ses propres artifices. Non, derrière l’abstraction de toute cette virtuosité filmique, il y a un poids, une densité au cinéma de Mike Hoolboom. Ses œuvres ont quelque chose à dire. Le plus souvent sur la place des marginaux, des laissés-pour-compte, des grands pans de la société négligés par les pires dérives du capitalisme et du néolibéralisme. Chez son amie Judy Rebick, il trouve une alliée, une âme sœur de ces luttes sans merci pour le respect des droits de la personne les plus élémentaires et, plus spécialement, des droits des femmes. En appliquant la manière Hoolboom à l’histoire publique et intime de cette femme remarquable, il construit une sorte de poème vif et fébrile qui nous aspire au cœur de cette vie incroyable remplie de paradoxes foudroyants. Comment, en effet, une femme aussi engagée, volontaire et fonceuse, si courageuse qu’on la croirait inattaquable, a-t-elle réussi à cacher au monde entier — et à commencer par elle-même — des blessures suffisamment profondes et dévastatrices pour causer littéralement la fissuration de sa personnalité? Porté par la voix de Judy qui commente tant son activisme que ses problèmes de santé mentale avec une lucidité sidérante non dénuée d’humour, quiconque visionne ce tourbillon d’images à cheval sur l’expérimentation et le documentaire ne peut s’empêcher d’éprouver admiration et fascination tant envers cette femme au destin exceptionnel qu’envers le prodigieux cinéaste qui la raconte.
Claire Valade
Critique et programmatrice
Le cinéma de Mike Hoolboom a beau être ancré dans la mouvance expérimentale du médium, avec ses kaléidoscopes d’archives visuelles retravaillées, ses éclats de lumière et ses plongées dans la poésie des assemblages d’images superposées, il reste que c’est loin d’être un cinéma factice et bêtement esthétique, tourné vers ses propres artifices. Non, derrière l’abstraction de toute cette virtuosité filmique, il y a un poids, une densité au cinéma de Mike Hoolboom. Ses œuvres ont quelque chose à dire. Le plus souvent sur la place des marginaux, des laissés-pour-compte, des grands pans de la société négligés par les pires dérives du capitalisme et du néolibéralisme. Chez son amie Judy Rebick, il trouve une alliée, une âme sœur de ces luttes sans merci pour le respect des droits de la personne les plus élémentaires et, plus spécialement, des droits des femmes. En appliquant la manière Hoolboom à l’histoire publique et intime de cette femme remarquable, il construit une sorte de poème vif et fébrile qui nous aspire au cœur de cette vie incroyable remplie de paradoxes foudroyants. Comment, en effet, une femme aussi engagée, volontaire et fonceuse, si courageuse qu’on la croirait inattaquable, a-t-elle réussi à cacher au monde entier — et à commencer par elle-même — des blessures suffisamment profondes et dévastatrices pour causer littéralement la fissuration de sa personnalité? Porté par la voix de Judy qui commente tant son activisme que ses problèmes de santé mentale avec une lucidité sidérante non dénuée d’humour, quiconque visionne ce tourbillon d’images à cheval sur l’expérimentation et le documentaire ne peut s’empêcher d’éprouver admiration et fascination tant envers cette femme au destin exceptionnel qu’envers le prodigieux cinéaste qui la raconte.
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