A Fidai Film


Image de couverture A Fidai Film

Lors de l’intervention militaire au Liban à l’été 1982, Tsahal confisque les archives du Centre de recherches palestinien de Beyrouth, comprenant une collection de photos et de films. Kamal Aljafari se réapproprie ces images encore conservées par l’armée et le ministère de la Défense israéliens, afin de conjurer la volonté d’effacement d’un peuple privé de sa mémoire visuelle.



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Réalisateur

Kamal Aljafari

Acteur

Frédéric Savard

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Le pillage et la confiscation d’archives sont des techniques propres aux pratiques coloniales génocidaires visant l’anéantissement d’un peuple que l’on considère ennemi, et que l’on souhaiterait voir disparaître. Il n’est donc pas surprenant que les Forces de défense israéliennes aient saisi des milliers de documents préservés au Centre de recherches palestiniennes situé à Beyrouth, avant de procéder à sa destruction totale, lors de l’envahissement de 1982, en pleine guerre civile. L’oppresseur s’empare de ces documents afin de dérober le peuple palestinien de sa mémoire collective, dans un effort d’effacement, un geste d’une violence inouïe, tout aussi stratégique que prémédité.

C’est autour de cet événement qu’est construit le documentaire expérimental A Fidai Film, mettant en scène la récupération de ces archives palestiniennes pillées, qui sont encore à ce jour préservées à même l’État d’Israël, ce qui constitue une aberration archivistique. Le cinéaste et chercheur Kamal Aljafari a réussi à obtenir accès à certains de ces documents audiovisuels confisqués par les forces armées israéliennes, qu’il utilise comme matériau brut afin de reprendre possession de l’histoire de son peuple. Les images sont montées, altérées, et déformées, dans un geste d’activisme artistique transgressif et courageux.

Cependant, peut-on ici vraiment parler de « récupération », alors que le cinéaste se réapproprie ce qui lui appartient, ce qui lui a été volé? Ces documents n’auraient jamais dû aboutir dans les fonds d’archives d’Israël en premier lieu. D’ailleurs, on remarque que sur plusieurs séquences, du texte descriptif en hébreu a été superposé aux images, dégradant ainsi leur intégrité. L’artiste se donne alors le droit, et la permission, de raturer ces descriptions textuelles de vifs traits rougeâtres, et ce avec justesse. Nous nageons parfois en pleine mise en abîme archivistique à travers ce film, puisqu’à défaut de reconquérir le territoire qui a été violemment confisqué aux Palestinien·ne·s, Aljafari tente au moins de se réapproprier les images racontant la riche histoire de son peuple avant, et après, l’occupation de 1948, qui perdure et s’intensifie encore à ce jour. Les archives semblent soudainement en dehors d’une temporalité définie, où le passé, le présent et le futur entrent en collision dans un maelström non linéaire volontairement consternant. Une certaine résonance entre le territoire occupé et la représentation de celui-ci s’opère sous nos yeux.

Afin de représenter visuellement l’agression constante subie par les Palestinien·ne·s depuis des décennies, le réalisateur fait lui-même violence aux images d’archives en les abîmant ou les recouvrant d’égratignures rouges, un rouge vif qui est omniprésent à travers le film, et qui n’est pas sans rappeler la couleur du sang, ce sang qui coule en nos veines, et qui est répandu au sol injustement et inutilement par la folie génocidaire de l’apartheid israélien, malgré l’indignation du monde entier. Le terme « Fidai » peut se traduire par « celui qui se sacrifie pour la patrie » et le film d’Aljafari est un geste de résistance documentaire radical et téméraire.

 


Frédéric Savard
Archiviste et programmateur


  • Français

    Français

    1h17

    Langue : Français
  • English

    English

    1h17

    Langue : English
  • Année 2024
  • Pays Palestine, Allemagne, Qatar, Brésil, France
  • Durée 77
  • Producteur Kamal Aljafari Productions
  • Langue Arabe, Hébreu, Anglais
  • Sous-titres Français, Anglais
  • Résumé court En 1982, l’armée israélienne s’empare des archives du Centre de recherches de la Palestine à Beyrouth . Kamal Aljafari reprend aujourd'hui ces images, refusant l’effacement de la mémoire visuelle palestinienne.
  • Ordre 1
  • TLF_Applismb 1
  • Date édito 2025-08-22

Le pillage et la confiscation d’archives sont des techniques propres aux pratiques coloniales génocidaires visant l’anéantissement d’un peuple que l’on considère ennemi, et que l’on souhaiterait voir disparaître. Il n’est donc pas surprenant que les Forces de défense israéliennes aient saisi des milliers de documents préservés au Centre de recherches palestiniennes situé à Beyrouth, avant de procéder à sa destruction totale, lors de l’envahissement de 1982, en pleine guerre civile. L’oppresseur s’empare de ces documents afin de dérober le peuple palestinien de sa mémoire collective, dans un effort d’effacement, un geste d’une violence inouïe, tout aussi stratégique que prémédité.

C’est autour de cet événement qu’est construit le documentaire expérimental A Fidai Film, mettant en scène la récupération de ces archives palestiniennes pillées, qui sont encore à ce jour préservées à même l’État d’Israël, ce qui constitue une aberration archivistique. Le cinéaste et chercheur Kamal Aljafari a réussi à obtenir accès à certains de ces documents audiovisuels confisqués par les forces armées israéliennes, qu’il utilise comme matériau brut afin de reprendre possession de l’histoire de son peuple. Les images sont montées, altérées, et déformées, dans un geste d’activisme artistique transgressif et courageux.

Cependant, peut-on ici vraiment parler de « récupération », alors que le cinéaste se réapproprie ce qui lui appartient, ce qui lui a été volé? Ces documents n’auraient jamais dû aboutir dans les fonds d’archives d’Israël en premier lieu. D’ailleurs, on remarque que sur plusieurs séquences, du texte descriptif en hébreu a été superposé aux images, dégradant ainsi leur intégrité. L’artiste se donne alors le droit, et la permission, de raturer ces descriptions textuelles de vifs traits rougeâtres, et ce avec justesse. Nous nageons parfois en pleine mise en abîme archivistique à travers ce film, puisqu’à défaut de reconquérir le territoire qui a été violemment confisqué aux Palestinien·ne·s, Aljafari tente au moins de se réapproprier les images racontant la riche histoire de son peuple avant, et après, l’occupation de 1948, qui perdure et s’intensifie encore à ce jour. Les archives semblent soudainement en dehors d’une temporalité définie, où le passé, le présent et le futur entrent en collision dans un maelström non linéaire volontairement consternant. Une certaine résonance entre le territoire occupé et la représentation de celui-ci s’opère sous nos yeux.

Afin de représenter visuellement l’agression constante subie par les Palestinien·ne·s depuis des décennies, le réalisateur fait lui-même violence aux images d’archives en les abîmant ou les recouvrant d’égratignures rouges, un rouge vif qui est omniprésent à travers le film, et qui n’est pas sans rappeler la couleur du sang, ce sang qui coule en nos veines, et qui est répandu au sol injustement et inutilement par la folie génocidaire de l’apartheid israélien, malgré l’indignation du monde entier. Le terme « Fidai » peut se traduire par « celui qui se sacrifie pour la patrie » et le film d’Aljafari est un geste de résistance documentaire radical et téméraire.

 


Frédéric Savard
Archiviste et programmateur


  • Français

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    Durée : 1h17
    Langue : Français
    1h17
  • English

    English


    Durée : 1h17
    Langue : English
    1h17
  • Année 2024
  • Pays Palestine, Allemagne, Qatar, Brésil, France
  • Durée 77
  • Producteur Kamal Aljafari Productions
  • Langue Arabe, Hébreu, Anglais
  • Sous-titres Français, Anglais
  • Résumé court En 1982, l’armée israélienne s’empare des archives du Centre de recherches de la Palestine à Beyrouth . Kamal Aljafari reprend aujourd'hui ces images, refusant l’effacement de la mémoire visuelle palestinienne.
  • Ordre 1
  • TLF_Applismb 1
  • Date édito 2025-08-22

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