À travers des moments dans la vie de trois groupes d’adolescentes, d'images glanées sur le web et de vidéos en direct de jeunes femmes aux quatre coins du globe, _Jouvencelles_ nous plonge dans l'univers des adolescentes d'aujourd'hui. Nous observons avec délicatesse une génération hyperconnectée mais isolée, habitée par une grande lucidité, une lutte intérieure contre l'obsession de l'image de soi, et un besoin d’affirmation de soi face à un complexe sentiment d’aliénation.
Réalisateurs | Fanie Pelletier, Fanie Pelletier |
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À quoi rêvent les jeunes filles d’aujourd’hui? Qui sont-elles? D’abord, elles ne sont pas toutes des « elles ». Certain·e·s préfèrent « ielle », d’autres se foutent du pronom dont on peut les affubler. Elles/Ielles s’identifient comme cisgenres ou non binaires, lesbiennes ou bisexuelles, ou même aromantiques ou abrosuexuelles. Elles/Ielles ont 16, 17 ou 19 ans et sont accros à TikTok, Snapchat et Instagram. Et, s’il est clair qu’elles/ielles se définissent en fonction de ce que ces réseaux sociaux leur retournent comme images d’elles/ielles et des autres jeunes filles qui leur ressemblent, il est tout aussi clair qu’elles/ielles sont conscientes de la manière dont elles/ielles se présentent en ligne, ce qu’elles/ielles y cherchent, en retirent, en espèrent. Capté avec candeur et franchise par Fanie Pelletier, cet exercice d’apprentissage de la vie et de sa sexualité, d’appropriation de son corps et de sa liberté par l’entremise de l’écran de son téléphone intelligent est à la fois profondément troublant, éminemment fascinant et étrangement touchant. Alternant les moments candides de la vie réelle alors que ces jeunes filles courent dans les parcs, patinent sur une patinoire publique, se prélassent sur un toit à regarder le ciel nocturne, dégustent des burgers sur fond de Stade olympique illuminé, se baignent dans un lac, et les scènes littéralement tirées de leurs lives sur TikTok ou de leurs vidéos et stories sur Insta, ou encore d’autres jeunes filles étrangères croisées sur ces réseaux, Jouvencelles pousse plus loin que les habituelles conventions du simple coming-of-age du cinéma de fiction. Grâce au langage documentaire, la jeune réalisatrice explore avec éloquence la façon dont ces réseaux redéfinissent la nature des jeunes filles d’aujourd’hui et leur servent, de leur propre aveu, de thérapie de choc — pour le pire (pression sociale, comparaisons irréalistes, compétition, masquage de sa véritable personnalité et de son véritable aspect physique, exacerbation de la détestation de soi) mais aussi, heureusement, pour le meilleur (affirmation de soi, prise de conscience de son pouvoir, révélation de son individualité, acceptation de son corps et de sa personne, lutte contre les attentes sociétales irréalistes).
Claire Valade
Critique et programmatrice
À quoi rêvent les jeunes filles d’aujourd’hui? Qui sont-elles? D’abord, elles ne sont pas toutes des « elles ». Certain·e·s préfèrent « ielle », d’autres se foutent du pronom dont on peut les affubler. Elles/Ielles s’identifient comme cisgenres ou non binaires, lesbiennes ou bisexuelles, ou même aromantiques ou abrosuexuelles. Elles/Ielles ont 16, 17 ou 19 ans et sont accros à TikTok, Snapchat et Instagram. Et, s’il est clair qu’elles/ielles se définissent en fonction de ce que ces réseaux sociaux leur retournent comme images d’elles/ielles et des autres jeunes filles qui leur ressemblent, il est tout aussi clair qu’elles/ielles sont conscientes de la manière dont elles/ielles se présentent en ligne, ce qu’elles/ielles y cherchent, en retirent, en espèrent. Capté avec candeur et franchise par Fanie Pelletier, cet exercice d’apprentissage de la vie et de sa sexualité, d’appropriation de son corps et de sa liberté par l’entremise de l’écran de son téléphone intelligent est à la fois profondément troublant, éminemment fascinant et étrangement touchant. Alternant les moments candides de la vie réelle alors que ces jeunes filles courent dans les parcs, patinent sur une patinoire publique, se prélassent sur un toit à regarder le ciel nocturne, dégustent des burgers sur fond de Stade olympique illuminé, se baignent dans un lac, et les scènes littéralement tirées de leurs lives sur TikTok ou de leurs vidéos et stories sur Insta, ou encore d’autres jeunes filles étrangères croisées sur ces réseaux, Jouvencelles pousse plus loin que les habituelles conventions du simple coming-of-age du cinéma de fiction. Grâce au langage documentaire, la jeune réalisatrice explore avec éloquence la façon dont ces réseaux redéfinissent la nature des jeunes filles d’aujourd’hui et leur servent, de leur propre aveu, de thérapie de choc — pour le pire (pression sociale, comparaisons irréalistes, compétition, masquage de sa véritable personnalité et de son véritable aspect physique, exacerbation de la détestation de soi) mais aussi, heureusement, pour le meilleur (affirmation de soi, prise de conscience de son pouvoir, révélation de son individualité, acceptation de son corps et de sa personne, lutte contre les attentes sociétales irréalistes).
Claire Valade
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