Chaque mois, une multitude d'infirmières du sud de l'Italie traversent tout le pays pour tenter leur chance à un concours ouvert afin d'obtenir un emploi dans les grands hôpitaux du nord. Il n'y a que quelques emplois disponibles pour les milliers de candidates qui postulent. La plupart d'entre elles y tentent leur chance plusieurs fois par an. Pour économiser de l'argent, elles voyagent de nuit à bord d'un autobus qui les dépose à l'aube sur le lieu de l'examen. Chacune d'entre elles a sa propre histoire, ses propres espoirs et ses propres craintes.
Réalisateurs | Mattia Colombo, Gianluca Matarrese |
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Étrange (anti ?) road movie, le film de Mattia Colombo et Gianluca Matarrese fait du surplace à travers les allers-retours d’un bus de nuit tragiquement improbable. Placées dans des situations précaires, des hordes d’infirmières traversent inlassablement le pays pour tenter de remporter les rares postes mis au concours par les grands hôpitaux d’État du nord de l’Italie. En 2014, un infirmier soumis à cette cruelle loterie décide de mettre sur pied un système de transport de nuit par autobus, offrant une alternative moins chère aux travailleuses prêtes à tout pour s’extirper de la précarité. En décidant de filmer presque exclusivement dans l’autobus, les cinéastes mettent l’accent sur la violente pression exercée sur les corps des travailleur·euse·s. Malgré la fatigue du voyage et l’aspect vain de la démarche, les infirmier·ière·s étudient, répètent les notions qu’ielles maîtrisent déjà dans leur labeur quotidien, dans l’espoir illusoire et cruel d’être rappelé·e pour un poste qui les déracinera de tout ce qu’ielles possèdent.
Quand on pense aux conditions de travail des infirmières de chez nous, encore obligées de se battre contre le mépris du gouvernement pour tenter d’obtenir des conditions de travail dignes, on ne peut que penser à l’aspect systémique de cette déconsidération. Les donneur·euse·s de soin, partout sur la planète, sont assujetti·e·s aux grandes lois du capital qui n’ont rien à faire devant la véritable valeur des vies humaines. C’est-à-dire à tout ce qui vaut; la présence, la reconnaissance, le soin, la relation, la bienveillance, l’attention portée à la souffrance. Reconnaître ce mépris généralisé, c’est reconnaître que le système économique est basé sur le déni de ce qui nous tient collectivement en vie. Si la valeur économique prenait en compte la valeur du vivant, tout le système serait caduc, et les échelles d’importance seraient renversées. Car qui a besoin d’un spéculateur devant l’enfance, la maladie, la mort? Personne.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
Avec le soutien de
Étrange (anti ?) road movie, le film de Mattia Colombo et Gianluca Matarrese fait du surplace à travers les allers-retours d’un bus de nuit tragiquement improbable. Placées dans des situations précaires, des hordes d’infirmières traversent inlassablement le pays pour tenter de remporter les rares postes mis au concours par les grands hôpitaux d’État du nord de l’Italie. En 2014, un infirmier soumis à cette cruelle loterie décide de mettre sur pied un système de transport de nuit par autobus, offrant une alternative moins chère aux travailleuses prêtes à tout pour s’extirper de la précarité. En décidant de filmer presque exclusivement dans l’autobus, les cinéastes mettent l’accent sur la violente pression exercée sur les corps des travailleur·euse·s. Malgré la fatigue du voyage et l’aspect vain de la démarche, les infirmier·ière·s étudient, répètent les notions qu’ielles maîtrisent déjà dans leur labeur quotidien, dans l’espoir illusoire et cruel d’être rappelé·e pour un poste qui les déracinera de tout ce qu’ielles possèdent.
Quand on pense aux conditions de travail des infirmières de chez nous, encore obligées de se battre contre le mépris du gouvernement pour tenter d’obtenir des conditions de travail dignes, on ne peut que penser à l’aspect systémique de cette déconsidération. Les donneur·euse·s de soin, partout sur la planète, sont assujetti·e·s aux grandes lois du capital qui n’ont rien à faire devant la véritable valeur des vies humaines. C’est-à-dire à tout ce qui vaut; la présence, la reconnaissance, le soin, la relation, la bienveillance, l’attention portée à la souffrance. Reconnaître ce mépris généralisé, c’est reconnaître que le système économique est basé sur le déni de ce qui nous tient collectivement en vie. Si la valeur économique prenait en compte la valeur du vivant, tout le système serait caduc, et les échelles d’importance seraient renversées. Car qui a besoin d’un spéculateur devant l’enfance, la maladie, la mort? Personne.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
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