Construit d'un assemblage de témoignages oraux et d'images des lieux où des crimes de guerre ont été commis 17 ans avant le tournage du film, ce documentaire expérimental révèle l'histoire derrière une fosse commune située dans la banlieue de Belgrade, en Serbie. Dans une tentative de découvrir, d'éclairer et de donner une voix à ces histoires intentionnellement enfouies dans le silence, le film s'adresse directement à l'affect, à l'imagination et aux émotions du public, d'une manière hypnotique et méditative.
Réalisateur | Ognjen Glavonić |
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Une programmation de films qui aborde l’après-guerre ne peut pas exister sans traiter directement des crimes de guerre, des personnes qui les ont commis et des personnes qui en ont souffert ou qui y ont survécu. Le cinéaste Ognjen Glavonić construit une œuvre cinématographique unique et expérimentale qui met de l’avant précisément les histoires de ces personnes. Les seules voix qu’on entend parler dans le film sont des témoignages : elles sont extraites de transcriptions juridiques, lorsque les crimes décrits ont été jugés. Ces voix décrivent avec des détails poignants et nuancés l'architecture de ces crimes, le nombre d'êtres humains qui doivent s'entendre et collaborer pour les exécuter ou les dissimuler par la suite aux yeux du public, et en cacher littéralement les preuves.
Des policiers locaux au pouvoir incontrôlé, des conducteurs de pelles mécaniques tellement malades qu'ils en vomissent, des chauffeurs de camion recevant des instructions codées pour emprunter des voies secondaires inconnues, des enquêteurs de scène de crime essayant naïvement d'appeler les bonnes personnes pour comprendre les origines de ce qu'ils ont retrouvé, une mère essayant de planifier son saut de l'arrière d'un camion rempli de cadavres, y compris ceux de ses propres enfants, afin de survivre pour nous raconter cette histoire... Tout cela crée une tapisserie d'horreur, collée à des images de paysages sereins, généralement dépourvus de trafic humain, où ces crimes décrits se sont déroulés, permettant au public d'entrer dans la construction de ces actes, parmi les plus atroces que les humains sont capables de commettre.
Dans les mots de Glavonić: « Le silence et l’ignorance sont les parties les plus violentes de la société humaine. Les manières les plus visibles et concrètes d'être complice sont de fermer vos yeux, de détourner le regard, de garder le silence, de faire semblant de ne pas savoir, ou de ne pas vraiment vouloir savoir. » Son film nous fournit une opportunité d’entendre et de voir avec clarté, rompant le puissant pouvoir du silence grâce au courage de ces voix et de ceux et celles qui les amplifient. Il n’est pas difficile de comprendre à quel point il est important d'éclaircir cette rupture du sort, notamment en ce moment où le côté sombre de l’histoire du Canada est révélé.
Aurora Prelević
Écrivaine, traductrice, programmatrice, cinéphile
En complément, Tënk vous propose un entretien avec le réalisateur Ognjen Glavonić, mené par Aurora Prelević. À consulter ici.
Une programmation de films qui aborde l’après-guerre ne peut pas exister sans traiter directement des crimes de guerre, des personnes qui les ont commis et des personnes qui en ont souffert ou qui y ont survécu. Le cinéaste Ognjen Glavonić construit une œuvre cinématographique unique et expérimentale qui met de l’avant précisément les histoires de ces personnes. Les seules voix qu’on entend parler dans le film sont des témoignages : elles sont extraites de transcriptions juridiques, lorsque les crimes décrits ont été jugés. Ces voix décrivent avec des détails poignants et nuancés l'architecture de ces crimes, le nombre d'êtres humains qui doivent s'entendre et collaborer pour les exécuter ou les dissimuler par la suite aux yeux du public, et en cacher littéralement les preuves.
Des policiers locaux au pouvoir incontrôlé, des conducteurs de pelles mécaniques tellement malades qu'ils en vomissent, des chauffeurs de camion recevant des instructions codées pour emprunter des voies secondaires inconnues, des enquêteurs de scène de crime essayant naïvement d'appeler les bonnes personnes pour comprendre les origines de ce qu'ils ont retrouvé, une mère essayant de planifier son saut de l'arrière d'un camion rempli de cadavres, y compris ceux de ses propres enfants, afin de survivre pour nous raconter cette histoire... Tout cela crée une tapisserie d'horreur, collée à des images de paysages sereins, généralement dépourvus de trafic humain, où ces crimes décrits se sont déroulés, permettant au public d'entrer dans la construction de ces actes, parmi les plus atroces que les humains sont capables de commettre.
Dans les mots de Glavonić: « Le silence et l’ignorance sont les parties les plus violentes de la société humaine. Les manières les plus visibles et concrètes d'être complice sont de fermer vos yeux, de détourner le regard, de garder le silence, de faire semblant de ne pas savoir, ou de ne pas vraiment vouloir savoir. » Son film nous fournit une opportunité d’entendre et de voir avec clarté, rompant le puissant pouvoir du silence grâce au courage de ces voix et de ceux et celles qui les amplifient. Il n’est pas difficile de comprendre à quel point il est important d'éclaircir cette rupture du sort, notamment en ce moment où le côté sombre de l’histoire du Canada est révélé.
Aurora Prelević
Écrivaine, traductrice, programmatrice, cinéphile
En complément, Tënk vous propose un entretien avec le réalisateur Ognjen Glavonić, mené par Aurora Prelević. À consulter ici.
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