Le documentaire réalisé par Hubert Aquin en 1962 porte sur une tournée de 24 heures dans le quartier populaire de Saint-Henri à Montréal. On y découvre la simplicité de cette population sans complexes, ni très riche, ni absolument pauvre, qui a commencé à décroître alors que Saint-Henri n'est plus le royaume des tanneries qu'il était jadis. Le film a été inspiré par le roman *Bonheur d'occasion* de Gabrielle Roy.
Réalisateur | Hubert Aquin |
Acteur | Claire Valade |
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Une journée dans la vie du quartier ouvrier montréalais, par trente pionniers majeurs du cinéma québécois (pratiquement tout le futur Programme français de l’ONF, qui naîtrait officiellement deux ans plus tard), sous la direction d’un écrivain mythique de la littérature québécoise, au tournant historique des années 1960, alors que le Québec se découvre et se dévoile, émergeant à peine de la Grande Noirceur. Ce film remarquable en est un de décalages. Décalage des niveaux de langage entre les habitants de St-Henri, avec leur accent des faubourgs, et la narration de Jacques Godbout, avec son ton outremontais bienséant. Décalage entre cette narration distanciée aux effluves ethnologiques et la simplicité accueillante des gens observés. Décalage aussi entre ce commentaire intellectualisant condescendant et l’intention réelle de découverte curieuse et de documentation sincère des cinéastes, provoquant chez le public du XXIe siècle un mélange paradoxal de fascination et de malaise. Décalage enfin entre la beauté du quartier et de ses gens, de leurs gestes, de leurs activités, et leurs défauts inévitables (saleté, exiguïté des logements, codes religieux rigoureux, etc.) aplanis et magnifiés par le choix et la composition des images, et le superbe noir et blanc. Tout cela fait d’À St-Henri le cinq septembre un petit miracle.
Claire Valade
Critique et programmatrice
Une journée dans la vie du quartier ouvrier montréalais, par trente pionniers majeurs du cinéma québécois (pratiquement tout le futur Programme français de l’ONF, qui naîtrait officiellement deux ans plus tard), sous la direction d’un écrivain mythique de la littérature québécoise, au tournant historique des années 1960, alors que le Québec se découvre et se dévoile, émergeant à peine de la Grande Noirceur. Ce film remarquable en est un de décalages. Décalage des niveaux de langage entre les habitants de St-Henri, avec leur accent des faubourgs, et la narration de Jacques Godbout, avec son ton outremontais bienséant. Décalage entre cette narration distanciée aux effluves ethnologiques et la simplicité accueillante des gens observés. Décalage aussi entre ce commentaire intellectualisant condescendant et l’intention réelle de découverte curieuse et de documentation sincère des cinéastes, provoquant chez le public du XXIe siècle un mélange paradoxal de fascination et de malaise. Décalage enfin entre la beauté du quartier et de ses gens, de leurs gestes, de leurs activités, et leurs défauts inévitables (saleté, exiguïté des logements, codes religieux rigoureux, etc.) aplanis et magnifiés par le choix et la composition des images, et le superbe noir et blanc. Tout cela fait d’À St-Henri le cinq septembre un petit miracle.
Claire Valade
Critique et programmatrice
FR - À St-Henri le cinq septembre
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