Chroniques de 2005

Œuvre polymorphe, entre théâtre d’impro, vidéo amateur et film collage de famille, le premier long métrage du précieux Virgil Vernier nous offre une capsule temporelle instantanée de cinéma et de souvenirs mêlés. 

Entre le devenir-archive et les mythologies contemporaines, le cinéma de Virgil Vernier ne cesse d’explorer les méandres implicites de la mémoire et de l’oubli. Ainsi, les fragments de vie des cinq protagonistes (dont la future d’or palmée Justine Triet) deviennent ici les pièces délassées d’un casse-tête mélancolique, où l’intensité s’est mue en désordre et peu à peu, le désordre en poème.

Évoquant une tribu qui n’admet pas de grandir, Chroniques de 2005 isole chacun des personnages dans la discussion et l’évocation passée, en héritier d’Eustache, pour décrire en creux un monde absent et débarrassé des croyances de l’enfance. 

Reste alors un grand petit film sur les maux chroniques du nouveau continent adulte, son besoin incandescent de tendresse, d’amitié et d’altérité, pour ressusciter avec un regard neuf le lien perdu du monde d’avant.

Terence Chotard
Cinéaste