Dialogue entre un poète noir américain emprisonné à vie et la cinéaste. Sur le ton de la confidence, Spoon évoque ses dix-neuf années de vie somnambulique jusqu’à sa condamnation, puis sa découverte de la poésie et de l’écriture. Le récit initiatique de sa descente aux enfers s’inscrit au creux des images de son pays, du désert du Mojave, et des paysages intérieurs de la cinéaste, quand l’émotion les y convoque. Car s’il n’écrivait pas, Spoon serait une ombre boxant avec la mort.
Réalisateur | Michka Saäl |
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Pour Michka Saäl, la liberté était à conquérir chaque jour de sa vie. Petite, elle avait été enfermée trop souvent, et un lien intuitif avec tout détenu s’était transformé en sixième sens. Il fallut attendre plusieurs années avant qu’elle transpose en film son rapport avec Spoon Jackson, un prisonnier californien devenu poète. Le cinéma qui surgit du rapprochement de ces deux écorchés vifs est puissant. Le noir et blanc rencontre la couleur, la musique épouse le triste silence qui entoure le lieu où Spoon est né, les danseurs se libèrent des barreaux dans une chorégraphie qui refuse la résignation. Toutes les conversations se déroulent au téléphone : « You have a collect call from an inmate at California State Prison at Los Angeles County… » et là, ils ont douze minutes avant que la communication soit coupée. « J’ai supprimé une vie. Je l’ai regretté dès que c’est arrivé. » Le son de leurs échanges rappelle celui du téléphone fait avec des boîtes de conserve : fragile, tremblant, urgent. Il résonne avec l’écho de la prison. Mais le film est sauvé du désespoir : des deux côtés, chaque mot, chaque respiration, est absolument indispensable.
Carlos Ferrand
Cinéaste
Pour Michka Saäl, la liberté était à conquérir chaque jour de sa vie. Petite, elle avait été enfermée trop souvent, et un lien intuitif avec tout détenu s’était transformé en sixième sens. Il fallut attendre plusieurs années avant qu’elle transpose en film son rapport avec Spoon Jackson, un prisonnier californien devenu poète. Le cinéma qui surgit du rapprochement de ces deux écorchés vifs est puissant. Le noir et blanc rencontre la couleur, la musique épouse le triste silence qui entoure le lieu où Spoon est né, les danseurs se libèrent des barreaux dans une chorégraphie qui refuse la résignation. Toutes les conversations se déroulent au téléphone : « You have a collect call from an inmate at California State Prison at Los Angeles County… » et là, ils ont douze minutes avant que la communication soit coupée. « J’ai supprimé une vie. Je l’ai regretté dès que c’est arrivé. » Le son de leurs échanges rappelle celui du téléphone fait avec des boîtes de conserve : fragile, tremblant, urgent. Il résonne avec l’écho de la prison. Mais le film est sauvé du désespoir : des deux côtés, chaque mot, chaque respiration, est absolument indispensable.
Carlos Ferrand
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