Démonstration fulgurante emportée par l’humour noir de son auteur, ce film décrit par les méandres de la digression, le parcours d’une tomate depuis le champ de son cultivateur japonais jusqu’à l’Île aux fleurs, une décharge où se nourrissent les porcs... et les pauvres. L’impact documentaire et politique de ce film, qui tient à la révélation de l’existence de ce lieu où la survie des humains passe après celle des animaux, surgit d’un pastiche délirant dont ce court métrage épouse les formes les plus variées.
Réalisateur | Jorge Furtado |
Acteur | Sylvie Lapointe |
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Avez-vous douze minutes pour voir une fiction qui n’est pas une fiction dont la mission est de scruter le grand récit moderne qu’on pourrait prénommer aussi LA fiction? Que douze minutes pour effectuer un tour de piste global des cycles de domination par l’argent et du pouvoir du capital, illustrés ici par le trajet d’une tomate brésilienne. Oui, une tomate!!
À part cette performance mémorable de la tomate, l’aspect fabuleux de ce film maintes fois primé, s’illustre dans le commentaire extra-terrestre-diégétique; un style descriptif et mécanique aux tendances ethnographiques à la fois absurde et tragicomique assurément dérangeant!
Ce film parodie le regard ethnographique de l’autre siècle, par un texte se voulant « distant et neutre », fabriquant des liens primaires (mais combien réels, c’est ça le drame!) et arborant une posture soi-disant sans jugement de valeurs. Absurde dans ses énonciations qui édifient des déductions logiques négligeant l’existence des complexités. Mais on se demande finalement si ces raccourcis incisifs de la pensée ne viendraient pas directement… de… la logique de notre système économique lui-même incarné dans cette narration? Ce qui expliquerait pourquoi ce film aux allures burlesques dérange tant.
Et pendant ce temps, les inégalités humaines et les dégâts environnementaux croissent. Un film sans fleurs, de 1989, encore d’actualité malheureusement.
Sylvie Lapointe
Cinéaste
Avez-vous douze minutes pour voir une fiction qui n’est pas une fiction dont la mission est de scruter le grand récit moderne qu’on pourrait prénommer aussi LA fiction? Que douze minutes pour effectuer un tour de piste global des cycles de domination par l’argent et du pouvoir du capital, illustrés ici par le trajet d’une tomate brésilienne. Oui, une tomate!!
À part cette performance mémorable de la tomate, l’aspect fabuleux de ce film maintes fois primé, s’illustre dans le commentaire extra-terrestre-diégétique; un style descriptif et mécanique aux tendances ethnographiques à la fois absurde et tragicomique assurément dérangeant!
Ce film parodie le regard ethnographique de l’autre siècle, par un texte se voulant « distant et neutre », fabriquant des liens primaires (mais combien réels, c’est ça le drame!) et arborant une posture soi-disant sans jugement de valeurs. Absurde dans ses énonciations qui édifient des déductions logiques négligeant l’existence des complexités. Mais on se demande finalement si ces raccourcis incisifs de la pensée ne viendraient pas directement… de… la logique de notre système économique lui-même incarné dans cette narration? Ce qui expliquerait pourquoi ce film aux allures burlesques dérange tant.
Et pendant ce temps, les inégalités humaines et les dégâts environnementaux croissent. Un film sans fleurs, de 1989, encore d’actualité malheureusement.
Sylvie Lapointe
Cinéaste
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