Dans certaines campagnes mexicaines, c'est au sortir de l'enfance qu'on commence le travail. Ces jeunes, comme leurs ancêtres, sont pris dans un combat quotidien pour survivre. Les premiers instants de Los Herederos (Les héritiers) montrent une situation parfaitement banale, quelques préparatifs matinaux, à la maison, avant d'aller au travail. Situation banale oui, mais un détail est non négligeable: ce n'est ni un père ni une mère qui s'apprête à aller bûcher, mais un tout jeune enfant. Des enfants qui héritent d'un labeur harassant, legs que le réalisateur, Eugenio Polgovsky, filme à travers les visages lisses et intacts de quelques enfants, ou les visages burinés de quelques aïeux qui se sont tués à la tâche une vie durant. C'est cette réalité sociale que Polgovsky s'efforce à dépeindre de façon brute, dispensant son film de tout commentaire. À l'opposé d'un Depardon, Polgovsky se contente de faire se succéder les images et nous met face à un film d'observation qui évite l'édifiant-larmoyant, et dont la force du propos est indéniable. Sans parole ou presque.
Réalisateur | Eugenio Polgovsky |
Acteur | Sylvie Lapointe |
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Nous sommes au Mexique, dans les États de Guerrero, Nayarit, Oaxaca, Sinaloa, Puebla et Veracruz. Dans ce film taciturne aux configurations ethnographiques, nous suivons les héritiers et héritières d’un monde où, cette fois, la domination n’est pas opérée sur la nature mais sur les humains, les petits humains. Le réalisateur nous convoque à cette idée qu’en certains lieux, des enfants n’ont pas d’enfance, comme si le pays lui-même n’a plus raison de croître.
Ce film n’exagère rien, ne souligne rien, ne nous aide en rien à juger de cette situation. Il ne fait que nous rapprocher, de manière cinématographique, d'une expérience d’un réel réel. Tout se camoufle derrière ce titre visiblement politique, « Les héritiers » qui récoltent ce que nous fabriquons… des dégâts climatiques, une nature abîmée, des humains sans enfance, tout ça dans le silence…
Ce film « expérientiel » ne nous informe pas, il nous fait ressentir. Il laisse la trace silencieuse de l’héritage : « La chute du monde vivant en dehors du champ de l’attention collective et politique, en dehors du champ de l’important, c’est là l’événement inaugural de la crise de la sensibilité. » (Baptiste Morizot, 2020).
Sylvie Lapointe
Cinéaste
Nous sommes au Mexique, dans les États de Guerrero, Nayarit, Oaxaca, Sinaloa, Puebla et Veracruz. Dans ce film taciturne aux configurations ethnographiques, nous suivons les héritiers et héritières d’un monde où, cette fois, la domination n’est pas opérée sur la nature mais sur les humains, les petits humains. Le réalisateur nous convoque à cette idée qu’en certains lieux, des enfants n’ont pas d’enfance, comme si le pays lui-même n’a plus raison de croître.
Ce film n’exagère rien, ne souligne rien, ne nous aide en rien à juger de cette situation. Il ne fait que nous rapprocher, de manière cinématographique, d'une expérience d’un réel réel. Tout se camoufle derrière ce titre visiblement politique, « Les héritiers » qui récoltent ce que nous fabriquons… des dégâts climatiques, une nature abîmée, des humains sans enfance, tout ça dans le silence…
Ce film « expérientiel » ne nous informe pas, il nous fait ressentir. Il laisse la trace silencieuse de l’héritage : « La chute du monde vivant en dehors du champ de l’attention collective et politique, en dehors du champ de l’important, c’est là l’événement inaugural de la crise de la sensibilité. » (Baptiste Morizot, 2020).
Sylvie Lapointe
Cinéaste
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