Métal et mélancolie

Dans ce film merveilleux, tout est humain, trop humain, à commencer par les voitures brinquebalantes qui se révèlent toujours plus vieilles que leurs conducteur·trice·s. Une étiquette «Taxi » posée sur le pare-brise sauve la vie. Tous ceux et celles qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts le savent, qu’iels soient policiers ou ingénieurs, mère célibataire, etc. Les portes, les moteurs, rien de ce qui fait une voiture ne semble pouvoir survivre, mais l’ingéniosité et l’humour entretiennent ces êtres magiques de vieux métal en nécessaires compagnons de la précarité tombée sur la ville comme une des dix plaies d’Égypte. Dans chacun de ces taxis, une vie, dans sa bulle, se fraie une route toujours plus incertaine au milieu du trafic… Voilà notre passage sur Terre représenté. L’amour, la poésie, la foi, la mort s’expriment dans ces petites cases avec une élégance somptueuse.

Claire Simon
Cinéaste