Alors que s’accroissent la colère et le mécontentement devant les injustices sociales en France, de nombreuses manifestations citoyennes sont l’objet d’une répression de plus en plus violente. _Un pays qui se tient sage_ invite des citoyen.ne.s à approfondir, interroger et confronter leurs points de vue sur l’ordre social et la légitimité de l’usage de la violence par l’État.
Réalisateur | David Dufresne |
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Alors que la France est secouée par un important mouvement de contestation contre la réforme des retraites intentée unilatéralement par Emmanuel Macron, le documentaire de David Dufresne ne saurait être plus à propos. Mais le film - et le questionnement qu’il sous-tend - dépasse encore l’actualité française, et le mouvement des gilets jaunes qu’il documente. Le film porte sur la définition wébérienne de l’État : « L’État est cette communauté humaine, qui à l’intérieur d’un territoire déterminé (...) revendique pour elle-même et parvient à imposer le monopole de la violence physique légitime. » Cette organisation de la violence par l’État interdit donc à tout autre groupe, clan ou entité d’en user s’il n’agit pas comme agent ou délégué du pouvoir politique. Si cette définition permet d’englober la plupart des agencements politiques que recouvrent les États, elle conduit à une forme de circularité; si la légitimité est déterminée par le détenteur du monopole, comment savoir si elle est effectivement légitime?
Face aux images d’une grande violence prises par les manifestant.e.s lors des différents affrontements entre policiers et gilets jaunes, la question de la légitimité est posée dans tous les sens par les différent.e.s intervenant.e.s. « Ne parlez pas de violence policière ou de répression. Ces mots sont inacceptables dans un État de droit. » assène Emmanuel Macron. De ce fait, il vient museler le débat sur le caractère légitime de la violence exercée, rappelant la toute-puissance de l’État à cet égard. Le film de Dufresne ouvre donc une brèche visant à légitimer les prises de paroles remettant en question cette légitimité auto-proclamée, via un dispositif de mise en scène qui renverse les procédés de surveillance normalement inférés aux institutions étatiques. Ce sont ici les citoyen.ne.s qui créent des traces, archives et preuves pour déconstruire les agressions dont ils sont victimes. Le téléphone portable est détourné de son usage et permet ici un renversement des perspectives qui renvoie une vision tout autre de la soi-disant légitimité. Qui protège qui ici? Mais encore davantage; que protège-t-on? Du côté des manifestant.e.s, cela semble clair. Du côté étatique, disons qu’à tout le moins, la légitimité commence à s’effriter.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
Alors que la France est secouée par un important mouvement de contestation contre la réforme des retraites intentée unilatéralement par Emmanuel Macron, le documentaire de David Dufresne ne saurait être plus à propos. Mais le film - et le questionnement qu’il sous-tend - dépasse encore l’actualité française, et le mouvement des gilets jaunes qu’il documente. Le film porte sur la définition wébérienne de l’État : « L’État est cette communauté humaine, qui à l’intérieur d’un territoire déterminé (...) revendique pour elle-même et parvient à imposer le monopole de la violence physique légitime. » Cette organisation de la violence par l’État interdit donc à tout autre groupe, clan ou entité d’en user s’il n’agit pas comme agent ou délégué du pouvoir politique. Si cette définition permet d’englober la plupart des agencements politiques que recouvrent les États, elle conduit à une forme de circularité; si la légitimité est déterminée par le détenteur du monopole, comment savoir si elle est effectivement légitime?
Face aux images d’une grande violence prises par les manifestant.e.s lors des différents affrontements entre policiers et gilets jaunes, la question de la légitimité est posée dans tous les sens par les différent.e.s intervenant.e.s. « Ne parlez pas de violence policière ou de répression. Ces mots sont inacceptables dans un État de droit. » assène Emmanuel Macron. De ce fait, il vient museler le débat sur le caractère légitime de la violence exercée, rappelant la toute-puissance de l’État à cet égard. Le film de Dufresne ouvre donc une brèche visant à légitimer les prises de paroles remettant en question cette légitimité auto-proclamée, via un dispositif de mise en scène qui renverse les procédés de surveillance normalement inférés aux institutions étatiques. Ce sont ici les citoyen.ne.s qui créent des traces, archives et preuves pour déconstruire les agressions dont ils sont victimes. Le téléphone portable est détourné de son usage et permet ici un renversement des perspectives qui renvoie une vision tout autre de la soi-disant légitimité. Qui protège qui ici? Mais encore davantage; que protège-t-on? Du côté des manifestant.e.s, cela semble clair. Du côté étatique, disons qu’à tout le moins, la légitimité commence à s’effriter.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
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