Le souci du toit

Le souci du toit

Comment habiter, tenter un chez-soi, alors qu’on est soi-même habité par la menace de cette perte ? On propose de s’installer à même les lieux les plus intimes, démunis, souterrains et exilés de la crise du logement. Insuffler dans ce mot-misère, anonyme et défait, la dignité qui le porte chaque fois qu’on se rappelle qu’avant d’être une luxe, une marchandise, un produit financier plus rentable que l’or, avant d’être toutes ces mutations qui ont colonisé notre imaginaire, le logement est d’abord un droit, un milieu de vie, notre univers.

HABITER Une promesse, un problème, une revendication : habiter. Dans les termes les plus abstraits : un rapport à l’espace et à la durée. Et pourtant, tout est concret ici, pas de métaphore : habiter un lieu et une durée, car il faut bien pouvoir rester un certain temps dans un certain espace pour s’y sentir chez soi. Pas de métaphore non plus, rien d’abstrait, dans l’imaginaire et dans le corps de milliers de gens de milliers de villes au monde, lorsqu’ils ressentent, système nerveux à l’appui, accélération objective et vertigineuse des transactions immobilières à l’appui, qu’habiter est pour eux un luxe, que c’est si fragile. Lorsqu’habiter est si fragile, ne pas pouvoir habiter devient une idée fixe, une source d’angoisse perpétuelle, un spectre qui hante nos villes. Et dans l’ombre d’habiter, le constat que l’éviction est possible. C’est entre les pierres et l’ombre projetée des immeubles que nous sommes, spectateurs, pesant les sens multiples et réels de l’éviction.

FORCES SOUTERRAINES Dans un élan presque désespéré de voir le cinéma documentaire politique remplir une de ses visées, de nous donner les outils sensibles et conceptuels nécessaires pour comprendre la réalité et la transformer, nous vous présentons Push de Fredrik Gertten. Cet état des lieux est certes le plus didactique de l’escale mais il s’impose néanmoins comme un incontournable si l’on souhaite réellement réfléchir à la propagation épidémique du souci du toit.

CHANTIERS Avec La maison, documentaire d’anthologie tourné en noir et blanc par le réalisateur israélien Amos Gitaï, le cinéaste dissident donne à voir l’injustice redoublée de la propriété en contexte d’occupation. Figure à la fois symbolique et matérielle de l’histoire palestinienne, la maison de Gitaï parle : d’absence et d’occupation, de ses anciens habitants forcés à l’exil et de l’injustice qui peut parfois naître des ruines.  Par une approche artistique affirmée, Taste of Cement associe et superpose la destruction et la (re)construction, en donnant à observer les conditions de logement peu enviables des travailleurs syriens exilés au Liban. Se faisant, il nous rappelle que la propriété privée se nourrit de l’iniquité et se fout souvent du bien commun.

MILIEUX DE VIE Rabot offre un portrait humain d'une tour de logement en Belgique à l'aube de sa démolition. Révélant la violence, l'indifférence et la solidarité qui habitent ses murs, ce film juxtapose cette multitude de solitudes, dont les appartements étaient devenus des refuges souvent obligés. Le motel est habituellement une demeure temporaire permettant une brève évasion du quotidien. C’est d’autre chose dont témoigne Vacancy. Les délabrés Palace Inn et Roy’s Motel, comme des centaines d'autres motels, sont devenus le point d’ancrage d’une misère plurielle passée entre les mailles d’un filet social inhumain, ou encore le point de départ compliqué d’un nouveau projet de vie obligé.

PROGRAMMATION

Stéphanie Bourbeau Professeure de philosophie

Hubert Sabino-Brunette Enseignant, programmateur

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