Entourée par le bruit des animaux nocturnes, une jeune fille tombe dans un profond sommeil. Peu à peu, nous sommes entraînés dans son rêve, qui se transforme en un voyage cosmique à travers les prairies d'Erpe-Mere, un village rural de Belgique.
Réalisateurs | Noemi Osselaer, Noemi Osselaer |
Acteurs | Maude Trottier, Maude Trottier |
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Il y a dans Erpe-Mere, premier film de Noemi Osselaer, une qualité régnante de mystère. Mystère d’une commune belge dont le titre du film est éponyme et dont je ne sais rien, et qui s’offre à travers un filet perceptif où le contraste entre le jour et la nuit écarquille les yeux. Il y a donc ce jour de départ qui embrasse des plans droits, bien cadrés, où des actions tantôt travailleuses, tantôt induites, tantôt plus fortuites prennent place, auxquels rétorque une nuit lasso de visions. Cette nuit-là accueille plusieurs points de chute oculaires : une lumière de poche, un sommeil montré, un effet de contre-jour artificiel, des regards animaux rendus incandescents par la caméra. La qualité de mystère de Erpe-Mere se fait également et étrangement analytique par le brassage de points de vue subjectifs et objectifs que le film entrelace. Nous y sommes tout autant là par le truchement d’une caméra-je que soudainement enlevés à ce je, déplacés en des plans nous montrant les endroits où tantôt notre vision se situait. Ainsi une caméra-vélo avalant une petite route, ainsi ce point de vue qui met en étrangeté l’entrée d’une petite grange dont le noir nous avale et nous creuse. Ainsi les _flickers_ qui nous ramènent à la surface de l’image, ainsi le regard animal qui nous rappelle à cette idée que voir est un décentrement incessant.
Maude Trottier
Rédactrice en chef, revue Hors champ
Il y a dans Erpe-Mere, premier film de Noemi Osselaer, une qualité régnante de mystère. Mystère d’une commune belge dont le titre du film est éponyme et dont je ne sais rien, et qui s’offre à travers un filet perceptif où le contraste entre le jour et la nuit écarquille les yeux. Il y a donc ce jour de départ qui embrasse des plans droits, bien cadrés, où des actions tantôt travailleuses, tantôt induites, tantôt plus fortuites prennent place, auxquels rétorque une nuit lasso de visions. Cette nuit-là accueille plusieurs points de chute oculaires : une lumière de poche, un sommeil montré, un effet de contre-jour artificiel, des regards animaux rendus incandescents par la caméra. La qualité de mystère de Erpe-Mere se fait également et étrangement analytique par le brassage de points de vue subjectifs et objectifs que le film entrelace. Nous y sommes tout autant là par le truchement d’une caméra-je que soudainement enlevés à ce je, déplacés en des plans nous montrant les endroits où tantôt notre vision se situait. Ainsi une caméra-vélo avalant une petite route, ainsi ce point de vue qui met en étrangeté l’entrée d’une petite grange dont le noir nous avale et nous creuse. Ainsi les _flickers_ qui nous ramènent à la surface de l’image, ainsi le regard animal qui nous rappelle à cette idée que voir est un décentrement incessant.
Maude Trottier
Rédactrice en chef, revue Hors champ
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