Et si l’humanité asphyxiait la Terre sous ses propres détritus? À cette hypothèse à la fois brutale et provocatrice, Nikolaus Geyrhalter nous invite à observer comment nous luttons contre la prolifération endémique de nos déchets. Car l’urgence est partout. Du Bangladesh aux Maldives en passant par les Alpes, le réalisateur compose un panorama vertigineux des lieux qui reçoivent les ordures et de la lutte engagée pour garder cette désastreuse accumulation sous contrôle.
Réalisateur | Nikolaus Geyrhalter |
Acteur | Naomie Décarie-Daigneault |
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« Tu peux toujours lire le journal [...] Voilà, une pub Nesquik! »
Avec de larges plans fixes, le réalisateur quadrille une véritable cartographie du déchet. Ces derniers sont perdus, retrouvés, ramassés, rassemblés, entassés, enfermés, écrasés, compactés puis conduits en vélos, tracteurs, camions, trains, bateaux, tapis roulants et autres brouettes avant d’être brûlés, cendrés et réduits en poussières. Celles que nous piétinons et respirons. Qui habillent nos vêtements et se glissent sous nos ongles.
Cette omniprésence déborde de l’écran, nous atteint frontalement dans la lenteur et le bruit mécanique des machines qui creusent des tombes gigantesques vectrices de nouvelles topographies. Ces parois de terre, architectures colorées des emballages intacts, résistent à la consommation, au temps et donc… à l’homme. Arbres plastiques. Rivières bouteilles. Nikolas Greyhalter joue les trompe-l’oeil. D’un côté, les plages paradisiaques touristiques. De l’autre, des toiles de détritus. Entre? Les employés des hôtels de luxe nettoient et ratissent le passage de l’Occident. Non pas pour l’environnement, mais pour le commerce.
Rendre immaculé pour mieux réintroduire notre trace : sale et immortelle. Plus encore, au-delà de l'œil, les canettes ricochent, le vent passe au travers de sacs de plastique et l’eau enfouie ramasse et accompagne tous ces nouveaux sons, ces nouvelles sensations. On pourrait écouter ce film et arriver à la même conclusion : nous nous entourons/enterrons de montagnes de déchets. Deleuze écrivait « voyager c’est vérifier l’état de la télé »; nous disons, voyager c’est se polluer.
Rémi Journet
Assistant éditorial de Tënk
« Tu peux toujours lire le journal [...] Voilà, une pub Nesquik! »
Avec de larges plans fixes, le réalisateur quadrille une véritable cartographie du déchet. Ces derniers sont perdus, retrouvés, ramassés, rassemblés, entassés, enfermés, écrasés, compactés puis conduits en vélos, tracteurs, camions, trains, bateaux, tapis roulants et autres brouettes avant d’être brûlés, cendrés et réduits en poussières. Celles que nous piétinons et respirons. Qui habillent nos vêtements et se glissent sous nos ongles.
Cette omniprésence déborde de l’écran, nous atteint frontalement dans la lenteur et le bruit mécanique des machines qui creusent des tombes gigantesques vectrices de nouvelles topographies. Ces parois de terre, architectures colorées des emballages intacts, résistent à la consommation, au temps et donc… à l’homme. Arbres plastiques. Rivières bouteilles. Nikolas Greyhalter joue les trompe-l’oeil. D’un côté, les plages paradisiaques touristiques. De l’autre, des toiles de détritus. Entre? Les employés des hôtels de luxe nettoient et ratissent le passage de l’Occident. Non pas pour l’environnement, mais pour le commerce.
Rendre immaculé pour mieux réintroduire notre trace : sale et immortelle. Plus encore, au-delà de l'œil, les canettes ricochent, le vent passe au travers de sacs de plastique et l’eau enfouie ramasse et accompagne tous ces nouveaux sons, ces nouvelles sensations. On pourrait écouter ce film et arriver à la même conclusion : nous nous entourons/enterrons de montagnes de déchets. Deleuze écrivait « voyager c’est vérifier l’état de la télé »; nous disons, voyager c’est se polluer.
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