Mai 1991. Le cosmonaute soviétique Sergheï Krikalev s'envole pour la station orbitale Mir qu'il va occuper pendant dix mois sous l'oeil de quatre caméras. À son retour, l'Empire soviétique a disparu, éclaté, démantelé. Pendant son séjour dans l'espace, une ère s'est éteinte, une autre est née. Ainsi, Krikalev est devenu le premier cosmonaute à effectuer une mission pour un pays ayant cessé d'exister!
Réalisateur | Andrei Ujică |
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Un film d’archives : Ujică nous raconte l’histoire de Krikalev en adoptant son point de vue flottant et en montant uniquement les images de la documentation visuelle de sa mission (à l’exception du début et de la fin du film). Nous partons pour l’Espace avec l’ultime cosmonaute soviétique, sans aucun commentaire et hors du temps présent. Le document brut s’en retrouve transcendé et aboutit à une réflexion théorique sur le cinéma et sur l’histoire. Mais le dialogue le plus vertigineux est celui qu’Ujică instaure avec l’arsenal émotionnel et formel du cinéma de fiction. Par exemple, il provoque la rencontre de deux monuments de la science-fiction de la période de la guerre froide. Le directeur photo de Solaris, Vadim Joussov, filme le prologue et l’épilogue dans l’Espace, alors que la musique s’inspire de 2001 : L’Odyssée de l’espace. Out of the Present nous projette littéralement dans un Ailleurs purement mythologique et dans l’imaginaire philosophique du 20e siècle. Ce ne sont plus les dieux qui regardent, ironiques, le sort éphémère des humains depuis leur Olympe, mais c’est l’homme – l’enfant et l’esclave de la Technique – qui contemple impuissant l’écroulement de l’expérience la plus extrême du prométhéisme. Nous en sommes les derniers spectateurs.
Federico Rossin
Historien du cinéma, programmateur indépendant
Un film d’archives : Ujică nous raconte l’histoire de Krikalev en adoptant son point de vue flottant et en montant uniquement les images de la documentation visuelle de sa mission (à l’exception du début et de la fin du film). Nous partons pour l’Espace avec l’ultime cosmonaute soviétique, sans aucun commentaire et hors du temps présent. Le document brut s’en retrouve transcendé et aboutit à une réflexion théorique sur le cinéma et sur l’histoire. Mais le dialogue le plus vertigineux est celui qu’Ujică instaure avec l’arsenal émotionnel et formel du cinéma de fiction. Par exemple, il provoque la rencontre de deux monuments de la science-fiction de la période de la guerre froide. Le directeur photo de Solaris, Vadim Joussov, filme le prologue et l’épilogue dans l’Espace, alors que la musique s’inspire de 2001 : L’Odyssée de l’espace. Out of the Present nous projette littéralement dans un Ailleurs purement mythologique et dans l’imaginaire philosophique du 20e siècle. Ce ne sont plus les dieux qui regardent, ironiques, le sort éphémère des humains depuis leur Olympe, mais c’est l’homme – l’enfant et l’esclave de la Technique – qui contemple impuissant l’écroulement de l’expérience la plus extrême du prométhéisme. Nous en sommes les derniers spectateurs.
Federico Rossin
Historien du cinéma, programmateur indépendant
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