Les 11 et 20 juin 1981, la Sûreté du Québec mène des rafles dans la réserve de Restigouche, en Gaspésie. En cause : les droits ancestraux de pêche au saumon des Micmacs. Les restrictions que le gouvernement québécois tente d'imposer sur cette pêche, source d'alimentation et de revenus pour les Micmacs, ont soulevé colère et consternation. Lancé en 1984, ce compte rendu coup de poing de l'intervention policière a fait connaître Alanis Obomsawin à l'international.
Réalisateur | Alanis Obomsawin |
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Alanis Obomsawin nous présente Les évènements de Restigouche à travers une histoire du lieu, qu'elle écrit et raconte à partir d’un point de vue autochtone et décolonial en utilisant une carte, des illustrations et des images d'archives (de saumons nageant et d'œufs en train d’éclore), ainsi que des entretiens avec des membres de la communauté. Ces leçons historiques jouent le rôle d'antidotes et de remèdes que nous prodigue Obomsawin pour contrecarrer l'oubli actif mais aussi le révisionnisme et le mensonge pur et simple qui caractérisent la gouvernance coloniale.
Le film documente l’escalade de la crise déclenchée par la violente descente de la Sûreté du Québec dans la réserve de Restigouche (aujourd'hui LIstuguj) et l'arrestation de douze pêcheurs mi'gmaq en 1981 en s’appuyant sur des photographies, des séquences filmées en direct et des témoignages éclairants de membres de la communauté, intégrant ceux d'enfants. La solidarité des autres nations indigènes est également documentée. Alanis suit le procès qui en résulte (à l’aide de dessins entrecoupés d'entretiens) au cours duquel le président du tribunal écarte avec condescendance les photographies accablantes et révélatrices de cette brutalité prises par le photographe mi'gmaq Sterling Keays et présentées par la défense comme éléments de preuve.
Obomsawin fait intervenir l'ancien ministre québécois des Pêches, Lucien Lessard, dans plusieurs scènes marquantes qu’elle intègre au film, notamment son arrivée à Restigouche pour rencontrer le chef Mi'gmaq Alphonse Metallic afin de gérer la crise, ou encore lors d'un entretien ultérieur avec Lessard, filmé dans le salon d'Obomsawin. Leur échange s'intensifie alors qu’Obomsawin conteste l'argumentation contradictoire de Lessard vis-à-vis de la souveraineté du Québec, fondée sur la langue et la terre. On reconnaît la signature d'Obomsawin - précise, enragée, condamnant la double injonction violente et raciste ainsi que l'hypocrisie des appareils d'État du gouvernement, de la police et des tribunaux. La plurivocité des films d'Obomsawin met en lumière les frontières contestées de l'engagement entre les peuples autochtones et les colons, afin de bouleverser en profondeur les préjugés et les siècles de fabrication de mythes coloniaux.
Monika Kin Gagnon
Professeure en communication
Université Concordia
Alanis Obomsawin nous présente Les évènements de Restigouche à travers une histoire du lieu, qu'elle écrit et raconte à partir d’un point de vue autochtone et décolonial en utilisant une carte, des illustrations et des images d'archives (de saumons nageant et d'œufs en train d’éclore), ainsi que des entretiens avec des membres de la communauté. Ces leçons historiques jouent le rôle d'antidotes et de remèdes que nous prodigue Obomsawin pour contrecarrer l'oubli actif mais aussi le révisionnisme et le mensonge pur et simple qui caractérisent la gouvernance coloniale.
Le film documente l’escalade de la crise déclenchée par la violente descente de la Sûreté du Québec dans la réserve de Restigouche (aujourd'hui LIstuguj) et l'arrestation de douze pêcheurs mi'gmaq en 1981 en s’appuyant sur des photographies, des séquences filmées en direct et des témoignages éclairants de membres de la communauté, intégrant ceux d'enfants. La solidarité des autres nations indigènes est également documentée. Alanis suit le procès qui en résulte (à l’aide de dessins entrecoupés d'entretiens) au cours duquel le président du tribunal écarte avec condescendance les photographies accablantes et révélatrices de cette brutalité prises par le photographe mi'gmaq Sterling Keays et présentées par la défense comme éléments de preuve.
Obomsawin fait intervenir l'ancien ministre québécois des Pêches, Lucien Lessard, dans plusieurs scènes marquantes qu’elle intègre au film, notamment son arrivée à Restigouche pour rencontrer le chef Mi'gmaq Alphonse Metallic afin de gérer la crise, ou encore lors d'un entretien ultérieur avec Lessard, filmé dans le salon d'Obomsawin. Leur échange s'intensifie alors qu’Obomsawin conteste l'argumentation contradictoire de Lessard vis-à-vis de la souveraineté du Québec, fondée sur la langue et la terre. On reconnaît la signature d'Obomsawin - précise, enragée, condamnant la double injonction violente et raciste ainsi que l'hypocrisie des appareils d'État du gouvernement, de la police et des tribunaux. La plurivocité des films d'Obomsawin met en lumière les frontières contestées de l'engagement entre les peuples autochtones et les colons, afin de bouleverser en profondeur les préjugés et les siècles de fabrication de mythes coloniaux.
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Professeure en communication
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