Le meurtre raciste de James Byrd Jr., un Noir lynché par trois jeunes Blancs à Jasper, au Texas, constitue le point de départ du film. Dans une alternance de plans fixes et de longs travellings, Chantal Akerman va reconstituer l’horrible fait divers qui eut lieu en juin 1998. James Byrd Jr. a été enchaîné à un camion et traîné pendant plusieurs kilomètres sur une route. La victime était un musicien. Les criminels appartenaient à des groupes d’extrême droite. « Comment le silence peut soudain paraître lourd et plein de menaces ? Comment les arbres et la nature tout entière peuvent soudain évoquer la mort, le sang, la grande et la petite histoire ? Comment le présent évoque le passé ? Comment ce passé peut par bouffées venir vous hanter au détour d'un champ de coton vide, d'une route, d'un geste ou d'un regard ? »
Réalisateur | Chantal Akerman |
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C’est un film simple et magnifique où la mise en scène est sûre comme rarement. Des travellings, des plans magnifiquement cadrés, nous disent cette ambiance pauvre, poisseuse et mythique du Sud des États-Unis, là où l’esclavage puis la ségrégation ont pris leur source. Certains habitants parlent, racontent ce passé, puis le présent du film : un homme noir a été lynché par des suprémacistes blancs. Le shérif, gêné, décrit le crime. Entre chaque entretien, les maisons le long des routes disent la pauvreté. Puis l’office à l’église où chacun honore en chantant la mémoire de ce musicien traîné sur une route jusqu’à ce que mort s’ensuive. La rigueur du film est sa force et sa dignité. Chaque plan installe une distance qui force le respect. À l’extérieur de l’église, des balançoires filmées de loin où des petites filles se balancent puis les quittent une à une, laissant les sièges vides flotter tristement devant l’église où le souvenir de l’office nous prend à la gorge. Puis enfin ce plan final intolérable de la route qui dure le temps du martyre dont le film est le récit. Il y a parfois une voiture qui roule sur cette route et qui, le jour du crime, a sûrement vu ce qui se passait.
Claire Simon
Cinéaste
C’est un film simple et magnifique où la mise en scène est sûre comme rarement. Des travellings, des plans magnifiquement cadrés, nous disent cette ambiance pauvre, poisseuse et mythique du Sud des États-Unis, là où l’esclavage puis la ségrégation ont pris leur source. Certains habitants parlent, racontent ce passé, puis le présent du film : un homme noir a été lynché par des suprémacistes blancs. Le shérif, gêné, décrit le crime. Entre chaque entretien, les maisons le long des routes disent la pauvreté. Puis l’office à l’église où chacun honore en chantant la mémoire de ce musicien traîné sur une route jusqu’à ce que mort s’ensuive. La rigueur du film est sa force et sa dignité. Chaque plan installe une distance qui force le respect. À l’extérieur de l’église, des balançoires filmées de loin où des petites filles se balancent puis les quittent une à une, laissant les sièges vides flotter tristement devant l’église où le souvenir de l’office nous prend à la gorge. Puis enfin ce plan final intolérable de la route qui dure le temps du martyre dont le film est le récit. Il y a parfois une voiture qui roule sur cette route et qui, le jour du crime, a sûrement vu ce qui se passait.
Claire Simon
Cinéaste