Au regard d'un accident tragique qui cause la mort de sept travailleurs sur un chantier de construction de Montréal, en plus d'en blesser 8 autres, le cinéaste aborde les _morts_ physique, psychologique et sociale de l'ouvrier québécois, découlant de ses conditions de travail et de sa dépossession. Des ouvriers de la construction dénoncent leurs conditions de travail et de vie à Montréal. Produit par la CSN, au diapason de son époque, ce film politique témoigne de la pratique cinématographique militante de Lamothe. « C'était vraiment pour moi une prise de conscience du milieu ouvrier, une structuration des émotivités, un regard en dedans. » (Arthur Lamothe, 1970)
Réalisateur | Arthur Lamothe |
Acteur | Richard Brouillette |
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À l’époque où le syndicalisme de combat croyait au pouvoir du cinéma, Michel Chartrand de la CSN demande à Arthur Lamothe de réaliser un court métrage traitant de l’aliénation dans le monde du travail avec un budget de 6 000 $. Profitant de la commande, Lamothe réalise un long métrage à plusieurs égards avant-gardiste, a fortiori dans le contexte québécois.
Tourné du 28 mars (jour de la manifestation monstre de McGill français) au 16 avril 1969, le film donne d’abord et avant tout la parole aux ouvriers de la construction, ceux qui n’avaient pas droit de cité, ceux que, justement, on méprisait allègrement. Dans une taverne au look de cabane à sucre, ils abordent avec une passion cacophonique tous les sujets : chômage, sécurité des chantiers, indigence (la faim, l’impossibilité de payer pour l’éducation des enfants), industrialisation de la construction, guerre du Viêt Nam, ségrégation des francophones, critique des projets pharaoniques gouvernementaux, capital et capitalisme, etc.
Encadré par les images horribles de la tragédie de Turcot au son du Dies irae du requiem de Berlioz, le film est, de fait, une façon de « Jour de colère ». Procédant d’une forme créative, loin du formatage du cinéma militant d’aujourd’hui, le documentaire utilise abondamment la citation médiatique (coupures de presse, publicités et émissions télévisées) comme le fit Groulx à la même époque (Entre tu et vous, 24h ou plus). Les intertitres (dont certains illustrés avec causticité par Pierre Cornellier) remplacent la narration habituelle. Le montage, sans plans de coupe ni fondus enchaînés, se libère de toute contrainte et joue sur les oppositions.
Richard Brouillette
Cinéaste, producteur, éleveur de poules et comptable
À l’époque où le syndicalisme de combat croyait au pouvoir du cinéma, Michel Chartrand de la CSN demande à Arthur Lamothe de réaliser un court métrage traitant de l’aliénation dans le monde du travail avec un budget de 6 000 $. Profitant de la commande, Lamothe réalise un long métrage à plusieurs égards avant-gardiste, a fortiori dans le contexte québécois.
Tourné du 28 mars (jour de la manifestation monstre de McGill français) au 16 avril 1969, le film donne d’abord et avant tout la parole aux ouvriers de la construction, ceux qui n’avaient pas droit de cité, ceux que, justement, on méprisait allègrement. Dans une taverne au look de cabane à sucre, ils abordent avec une passion cacophonique tous les sujets : chômage, sécurité des chantiers, indigence (la faim, l’impossibilité de payer pour l’éducation des enfants), industrialisation de la construction, guerre du Viêt Nam, ségrégation des francophones, critique des projets pharaoniques gouvernementaux, capital et capitalisme, etc.
Encadré par les images horribles de la tragédie de Turcot au son du Dies irae du requiem de Berlioz, le film est, de fait, une façon de « Jour de colère ». Procédant d’une forme créative, loin du formatage du cinéma militant d’aujourd’hui, le documentaire utilise abondamment la citation médiatique (coupures de presse, publicités et émissions télévisées) comme le fit Groulx à la même époque (Entre tu et vous, 24h ou plus). Les intertitres (dont certains illustrés avec causticité par Pierre Cornellier) remplacent la narration habituelle. Le montage, sans plans de coupe ni fondus enchaînés, se libère de toute contrainte et joue sur les oppositions.
Richard Brouillette
Cinéaste, producteur, éleveur de poules et comptable
FR - Le mépris n'aura qu'un temps