Sur des travellings ou des longs plans fixes de New York (métro, rues, façades) qui racontent en creux son quotidien, la cinéaste lit les lettres envoyées de Belgique par sa mère, cordon ombilical la rattachant encore à son roman familial. Au seuil l’une de l’autre, la parole et l’image finissent par se confondre...
Réalisateur | Chantal Akerman |
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New York. Terre d’accueil, lieu d’exil, jungle aux mille possibles où se jouent la vie, les rêves et le sort de millions de passants.
Chantal Akerman offre au cinéma peut-être les plus belles images qui soient de cette ville surmédiatisée avec *News From Home*, poignante évocation de sa quête de liberté émancipatoire qu’elle poursuit outre-Atlantique. Dans cet ailleurs à mille lieues de l’étouffant giron familial, Akerman laisse errer sa caméra et contemple – dans la durée – les moindres recoins d’une ville qui se dévoile à nous dans tout ce qu’elle a de plus commun et de plus secret. À la fois préhensible et insaisissable, un peu comme l’est la cinéaste pour sa mère qui lui écrit frénétiquement de Belgique dans l’espoir de réponses pouvant combler le vide laissé par son départ.
Une correspondance épistolaire, quasi à sens unique, dont les lettres de la mère lues par Akerman de façon dépouillée et psalmodique parsèment tout le film et témoignent des tourments de l’absence. Dans ces missives aux relents de complaintes, les requêtes d’une mère à l’amour dévorant se frappent contre le béton des rues et la cacophonie de cette ville monstre qui engloutit tout dans une froide indifférence. Les mots sont parfois étouffés, se fondent dans les bruits ambiants des boulevards agités, jusqu’à complètement disparaitre lors du plan-séquence final inoubliable. À bord du ferry de Staten Island, la caméra quitte tranquillement l’île de Manhattan engouffrée dans un épais brouillard. On n’entend alors plus que le bruit des vagues et des goélands, jusqu’à ce que la pellicule s’épuise et cède la place au noir, au silence. Serait-ce là la promesse d’un retour?
Jason Burnham
Assistant à la programmation de Tënk
New York. Terre d’accueil, lieu d’exil, jungle aux mille possibles où se jouent la vie, les rêves et le sort de millions de passants.
Chantal Akerman offre au cinéma peut-être les plus belles images qui soient de cette ville surmédiatisée avec *News From Home*, poignante évocation de sa quête de liberté émancipatoire qu’elle poursuit outre-Atlantique. Dans cet ailleurs à mille lieues de l’étouffant giron familial, Akerman laisse errer sa caméra et contemple – dans la durée – les moindres recoins d’une ville qui se dévoile à nous dans tout ce qu’elle a de plus commun et de plus secret. À la fois préhensible et insaisissable, un peu comme l’est la cinéaste pour sa mère qui lui écrit frénétiquement de Belgique dans l’espoir de réponses pouvant combler le vide laissé par son départ.
Une correspondance épistolaire, quasi à sens unique, dont les lettres de la mère lues par Akerman de façon dépouillée et psalmodique parsèment tout le film et témoignent des tourments de l’absence. Dans ces missives aux relents de complaintes, les requêtes d’une mère à l’amour dévorant se frappent contre le béton des rues et la cacophonie de cette ville monstre qui engloutit tout dans une froide indifférence. Les mots sont parfois étouffés, se fondent dans les bruits ambiants des boulevards agités, jusqu’à complètement disparaitre lors du plan-séquence final inoubliable. À bord du ferry de Staten Island, la caméra quitte tranquillement l’île de Manhattan engouffrée dans un épais brouillard. On n’entend alors plus que le bruit des vagues et des goélands, jusqu’à ce que la pellicule s’épuise et cède la place au noir, au silence. Serait-ce là la promesse d’un retour?
Jason Burnham
Assistant à la programmation de Tënk