Dans un organisme communautaire d’aide à l’emploi, des demandeurs d’asile se font offrir un travail dans des usines d’abattage qui leur permettra de recommencer une vie qu’ils ont dû abandonner abruptement. Dans une ferme d’élevage, vaches, cochons et agriculteurs sont soumis au rythme d'un modèle agricole industriel. Dehors, seuls les plants de maïs qui servent à nourrir les animaux transpercent l’aridité d’un sol désertique. _Ressources_ s’intéresse aux conditions d’existence d’humains, d’animaux et de végétaux liés entre eux par la chaîne de production et de transformation de viande. En suivant différents acteurs captés par cette chaîne, le film observe un état de précarité partagé au-delà des frontières de l’espèce.
Réalisateurs | Hubert Caron-Guay, Hubert Caron-Guay, Serge-Olivier Rondeau |
Acteurs | Sylvain L'espérance, Sylvain L'espérance |
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Telle une radiographie dévoilant l’ossature d’un corps, _Ressources_ nous fait connaître les éléments qui structurent l’industrie des abattoirs : la ressource animale et la main-d’oeuvre ouvrière, la production de nourriture et l’usine. Avec un regard attentif, les cinéastes accompagnent des demandeurs d'asiles dans le processus d’embauche par Olymel au Québec. Ayant besoin d’un emploi, ceux-ci sont mis en contact avec l’entreprise qui a besoin de travailleurs. Ils seront embauchés, logés et recevront des cours de francisation.
De l'autre côté de la chaîne, il y a les animaux : cochons engraissés en vue de leur abattage, et vaches élevées pour leur lait. Entre les deux, le maïs destiné à les nourrir et que l’on cultive dans de vastes champs. Au bout de ce parcours, l’usine vers où tout converge.
Selon la compagnie, les conditions qu’elle offre se présentent comme le meilleur des mondes possibles pour les travailleurs, les animaux et l’environnement. Mais la présence d’un chien, qui déambule librement entre les allées de l’étable, ouvre le regard à une autre perspective. On le voit lécher le placenta après la naissance d'un veau, boire l’eau d’un récipient fixé à l’enclos d'une vache lui léchant le museau. Sa liberté fait de lui le témoin silencieux de ce qui est à l’oeuvre derrière cette production. Les animaux finiront à l’abattoir, et leur vie n’aura été que servitude. Les vaches, enchaînées, sont prisonnières d’un enclos, le jeune veau est contraint par un licol dès sa naissance, et les cochons entassés cherchent une issue qui ne viendra que pour les amener vers l’abattoir.
Vers la fin du film, on retrouve Paulo Cesar en plein hiver, après quelques mois de travail. Son silence, son regard nous disent qu’il sait que la liberté qu’on lui faisait miroiter au moment de son embauche – « C’est à chacun de choisir ce qu’il veut», lui disait-on – n’existe pas, et que sa vie à l’usine se déroule sous le signe de la sujétion. La force de _Ressources_ tient à sa capacité à nous révéler à la fois la condition d’hommes, de femmes et d’animaux dont le destin est lié par ce qu’on pourrait appeler une cause commune.
Sylvain L'Espérance
Cinéaste
Présenté en collaboration avec
Telle une radiographie dévoilant l’ossature d’un corps, _Ressources_ nous fait connaître les éléments qui structurent l’industrie des abattoirs : la ressource animale et la main-d’oeuvre ouvrière, la production de nourriture et l’usine. Avec un regard attentif, les cinéastes accompagnent des demandeurs d'asiles dans le processus d’embauche par Olymel au Québec. Ayant besoin d’un emploi, ceux-ci sont mis en contact avec l’entreprise qui a besoin de travailleurs. Ils seront embauchés, logés et recevront des cours de francisation.
De l'autre côté de la chaîne, il y a les animaux : cochons engraissés en vue de leur abattage, et vaches élevées pour leur lait. Entre les deux, le maïs destiné à les nourrir et que l’on cultive dans de vastes champs. Au bout de ce parcours, l’usine vers où tout converge.
Selon la compagnie, les conditions qu’elle offre se présentent comme le meilleur des mondes possibles pour les travailleurs, les animaux et l’environnement. Mais la présence d’un chien, qui déambule librement entre les allées de l’étable, ouvre le regard à une autre perspective. On le voit lécher le placenta après la naissance d'un veau, boire l’eau d’un récipient fixé à l’enclos d'une vache lui léchant le museau. Sa liberté fait de lui le témoin silencieux de ce qui est à l’oeuvre derrière cette production. Les animaux finiront à l’abattoir, et leur vie n’aura été que servitude. Les vaches, enchaînées, sont prisonnières d’un enclos, le jeune veau est contraint par un licol dès sa naissance, et les cochons entassés cherchent une issue qui ne viendra que pour les amener vers l’abattoir.
Vers la fin du film, on retrouve Paulo Cesar en plein hiver, après quelques mois de travail. Son silence, son regard nous disent qu’il sait que la liberté qu’on lui faisait miroiter au moment de son embauche – « C’est à chacun de choisir ce qu’il veut», lui disait-on – n’existe pas, et que sa vie à l’usine se déroule sous le signe de la sujétion. La force de _Ressources_ tient à sa capacité à nous révéler à la fois la condition d’hommes, de femmes et d’animaux dont le destin est lié par ce qu’on pourrait appeler une cause commune.
Sylvain L'Espérance
Cinéaste
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