_Western Sunburn_ est une « rephotographie » en vidéo de matériel initialement utilisé pour une performance lors de laquelle Karl Lemieux a peint, gratté et brûlé en direct des boucles d’un vieux film western 16 mm. L’empreinte d’un passé et d’un futur impossibles dans une trajectoire où le présent se désintègre.
Réalisateurs | Karl Lemieux, Karl Lemieux |
Acteur | Sylvain L'espérance |
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_Western Sunburn_ tire sa puissance de la plongée qu’il effectue vers les racines du mythe américain afin d’en pulvériser les figures iconiques.
Porté par la musique envoûtante de Radwan Ghazi Moumneh, le film s’ouvre sur le compte à rebours d’une amorce de projection avant de laisser peu à peu entrevoir les stries d’une pellicule noir et blanc obstruant la totalité du cadre. Puis, un troupeau de boeufs dévalant le versant d’une colline suivi par des cowboys sur leurs chevaux occupent à la fois l’espace de l’écran et toute la durée de ce film de dix minutes. Ces quelques plans seront ralentis et saccadés par des interventions sur la pellicule même, mais aussi suspendus par des arrêts sur images qui iront jusqu’à provoquer la brûlure et liquéfaction du support sur lequel elles reposent.
Le western a partie liée avec la conquête de l’Amérique en propageant par la littérature et le cinéma une justification à l’occupation des territoires. Western Sunburn regarde cette mainmise du point de vue des êtres subissant la domination, et ce qu’il laisse percevoir sous la surface des images est un champ de ruines : animaux asservis, territoire spoliés, imaginaires conquis. Le geste de Karl Lemieux s’apparente alors à un rituel païen. En brûlant les représentations de ce pouvoir, est-ce qu’il ne chercherait pas à renverser le mauvais sort rattaché à la naissance de l’Amérique ? Ainsi, presque vingt ans après sa réalisation, l’image surexposée de la fin me semble soudain ouvrir le film à d’autres modes de relations possibles qui se présentent à nous, maintenant.
Sylvain L'Espérance
Cinéaste
_Western Sunburn_ tire sa puissance de la plongée qu’il effectue vers les racines du mythe américain afin d’en pulvériser les figures iconiques.
Porté par la musique envoûtante de Radwan Ghazi Moumneh, le film s’ouvre sur le compte à rebours d’une amorce de projection avant de laisser peu à peu entrevoir les stries d’une pellicule noir et blanc obstruant la totalité du cadre. Puis, un troupeau de boeufs dévalant le versant d’une colline suivi par des cowboys sur leurs chevaux occupent à la fois l’espace de l’écran et toute la durée de ce film de dix minutes. Ces quelques plans seront ralentis et saccadés par des interventions sur la pellicule même, mais aussi suspendus par des arrêts sur images qui iront jusqu’à provoquer la brûlure et liquéfaction du support sur lequel elles reposent.
Le western a partie liée avec la conquête de l’Amérique en propageant par la littérature et le cinéma une justification à l’occupation des territoires. Western Sunburn regarde cette mainmise du point de vue des êtres subissant la domination, et ce qu’il laisse percevoir sous la surface des images est un champ de ruines : animaux asservis, territoire spoliés, imaginaires conquis. Le geste de Karl Lemieux s’apparente alors à un rituel païen. En brûlant les représentations de ce pouvoir, est-ce qu’il ne chercherait pas à renverser le mauvais sort rattaché à la naissance de l’Amérique ? Ainsi, presque vingt ans après sa réalisation, l’image surexposée de la fin me semble soudain ouvrir le film à d’autres modes de relations possibles qui se présentent à nous, maintenant.
Sylvain L'Espérance
Cinéaste
Western Sunburn
Western Sunburn