Une visite touristique et documentaire le long de la Riviera. L’exotisme, les couleurs du tourisme, celles du carnaval et de l’Éden. Une île. Des parasols qui se ferment à la fin sur une jolie chanson de Delerue. La Côte d’Azur vue en couleurs par Agnès Varda, qui cultive le mot d’auteur et l’image insolite. Film de commande transformé en un essai sur le tourisme, non sans un certain humour.
Réalisateur | Agnès Varda |
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A priori, il serait tentant de croire que Du côté de la côte d’Agnès Varda est un simple film touristique destiné à faire la promotion des splendeurs exotiques de la Côte d’Azur (il s'agit d'ailleurs d'une commande de l’Office du tourisme français). C’est en réalité un film beaucoup plus subtil et subversif qu’il en a l’air. En passant par Nice, Cannes et Saint-Tropez, Varda remplit son mandat en photographiant de façon sublime les attraits de cette région du Sud de la France et sa faune touristique tout aussi colorée. Car ce n’est pas la population locale qui nous intéresse ici, mais bien cette masse qui migre vers la côte chaque année, en quête d’un certain éden, et ce, depuis des décennies. La cinéaste dresse d’ailleurs un inventaire assez impressionnant des nombreux artistes ayant eux-mêmes visité la côte en quête d’inspiration au fil des ans, que ce soit Nietzsche ou Matisse, pour ne nommer que ceux-là. L’architecture y tient également un rôle important et témoigne de la hiérarchisation du tourisme - car il y a bien une hiérarchie du tourisme; les nombreuses villas et grands hôtels qui peuplent la côte en sont la preuve. En filmant, par exemple, une série de clôtures et de barrières se refermant sur le décor idyllique d’immenses jardins privés, Varda nous rappelle que l’accès à ces lieux de villégiature est réservé à une poignée de privilégiés, et que, « si ces rêveries sont collectives, les jardins ne sont pas publics. Le faux éden n’est pas pour nous, non plus que l’Éden ».
Frédéric Savard
Archiviste et programmateur
A priori, il serait tentant de croire que Du côté de la côte d’Agnès Varda est un simple film touristique destiné à faire la promotion des splendeurs exotiques de la Côte d’Azur (il s'agit d'ailleurs d'une commande de l’Office du tourisme français). C’est en réalité un film beaucoup plus subtil et subversif qu’il en a l’air. En passant par Nice, Cannes et Saint-Tropez, Varda remplit son mandat en photographiant de façon sublime les attraits de cette région du Sud de la France et sa faune touristique tout aussi colorée. Car ce n’est pas la population locale qui nous intéresse ici, mais bien cette masse qui migre vers la côte chaque année, en quête d’un certain éden, et ce, depuis des décennies. La cinéaste dresse d’ailleurs un inventaire assez impressionnant des nombreux artistes ayant eux-mêmes visité la côte en quête d’inspiration au fil des ans, que ce soit Nietzsche ou Matisse, pour ne nommer que ceux-là. L’architecture y tient également un rôle important et témoigne de la hiérarchisation du tourisme - car il y a bien une hiérarchie du tourisme; les nombreuses villas et grands hôtels qui peuplent la côte en sont la preuve. En filmant, par exemple, une série de clôtures et de barrières se refermant sur le décor idyllique d’immenses jardins privés, Varda nous rappelle que l’accès à ces lieux de villégiature est réservé à une poignée de privilégiés, et que, « si ces rêveries sont collectives, les jardins ne sont pas publics. Le faux éden n’est pas pour nous, non plus que l’Éden ».
Frédéric Savard
Archiviste et programmateur
Français