Au cœur des montagnes du Nicaragua habite une fratrie composée de Dulce Mar**í**a, José Francisco et Juan Andrés, tous les trois sourd.e.s. Malgré l'affection de leur famille et des villageois, aucun des trois n'a jamais appris de code pour communiquer. Jusqu’au jour où arrive Tomasa, enseignante sourde déterminée à leur apprendre les premiers mots d'une langue des signes spécifiquement nicaraguayenne.
Réalisateur | Adam Isenberg |
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Avec Une vie sans les mots, Adam Isenberg signe une œuvre sobre mais pour le moins percutante. On y découvre le quotidien de trois frères et sœurs sourd.e.s qui habitent un endroit reculé avec leur famille. Ces jeunes n’ont jamais eu accès à une éducation adaptée, ni même été exposé.e.s à la langue des signes. Dépourvu.e.s d’outils communicationnels, les trois échangent très peu – même entre eux – et l’agressivité physique semble être un moyen d’expression récurrent au sein du trio. Et c’est compréhensible : difficile d’imaginer la solitude qui doit les habiter et le degré d’intériorisation forcée avec lequel chacun.e doit composer.
Là où la force du film réside, c’est dans la rencontre orchestrée entre Tomasa et la fratrie. Sourde de naissance et professeure de langue des signes nicaraguayenne, l’enseignante est déterminée à apprendre au trio leurs premiers mots signés. De prime abord, une résistance se fait ressentir, mais progressivement, Tomasa parvient à établir un lien de confiance avec chaque jeune. Dotée d’une persévérance sans borne, l’enseignante devient rapidement émue par le potentiel de ses élèves.
En mon sens, l’ingéniosité de la réalisation réside dans l’absence totale de narration. Film de très peu de mots, le public est essentiellement renseigné par les expressions corporelles de chaque protagoniste – sous l'œil attentif de la caméra – et à qui Isenberg donne l’espace nécessaire pour s’affirmer.
Ce documentaire emmène les spectateurs et spectatrices à se questionner sur l’importance du langage comme processus cognitif, sur l’accès à l’éducation, sur la condition rurale et les classes sociales, sur les privilèges et les injustices, sur les impacts psychologiques de l’isolement – pour n’effleurer que certains sujets. Par l’entremise d’un troublant mélange de tragédie et d'espoir, cette œuvre bouleversante évite de donner des réponses définitives aux questions difficiles qu'elle pose. Le film se termine sur une note douce-amère qui ne peut vous laisser indifférent.e.
Anouk Vallières
Programmatrice, glaneuse urbaine et cinéphile
Avec Une vie sans les mots, Adam Isenberg signe une œuvre sobre mais pour le moins percutante. On y découvre le quotidien de trois frères et sœurs sourd.e.s qui habitent un endroit reculé avec leur famille. Ces jeunes n’ont jamais eu accès à une éducation adaptée, ni même été exposé.e.s à la langue des signes. Dépourvu.e.s d’outils communicationnels, les trois échangent très peu – même entre eux – et l’agressivité physique semble être un moyen d’expression récurrent au sein du trio. Et c’est compréhensible : difficile d’imaginer la solitude qui doit les habiter et le degré d’intériorisation forcée avec lequel chacun.e doit composer.
Là où la force du film réside, c’est dans la rencontre orchestrée entre Tomasa et la fratrie. Sourde de naissance et professeure de langue des signes nicaraguayenne, l’enseignante est déterminée à apprendre au trio leurs premiers mots signés. De prime abord, une résistance se fait ressentir, mais progressivement, Tomasa parvient à établir un lien de confiance avec chaque jeune. Dotée d’une persévérance sans borne, l’enseignante devient rapidement émue par le potentiel de ses élèves.
En mon sens, l’ingéniosité de la réalisation réside dans l’absence totale de narration. Film de très peu de mots, le public est essentiellement renseigné par les expressions corporelles de chaque protagoniste – sous l'œil attentif de la caméra – et à qui Isenberg donne l’espace nécessaire pour s’affirmer.
Ce documentaire emmène les spectateurs et spectatrices à se questionner sur l’importance du langage comme processus cognitif, sur l’accès à l’éducation, sur la condition rurale et les classes sociales, sur les privilèges et les injustices, sur les impacts psychologiques de l’isolement – pour n’effleurer que certains sujets. Par l’entremise d’un troublant mélange de tragédie et d'espoir, cette œuvre bouleversante évite de donner des réponses définitives aux questions difficiles qu'elle pose. Le film se termine sur une note douce-amère qui ne peut vous laisser indifférent.e.
Anouk Vallières
Programmatrice, glaneuse urbaine et cinéphile
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