Il est essentiel de remettre en question la représentation erronée que le monde se fait de tous les peuples occupés, déracinés, abusés et violentés de ce monde. Il est également essentiel de nous rappeler depuis combien de temps nous sommes ici, depuis combien de temps nous résistons, et pour combien de temps encore nous continuerons à nous tenir debout, à témoigner, à nous souvenir, à lutter et à crier ensemble.
Je ne sais pas vraiment comment vous écrire cette introduction alors que le génocide se déroule à Gaza, alors que les attaques violentes se poursuivent et augmentent en Cisjordanie, alors que les Palestinien·ne·s vivant dans la Palestine de 1948 sont violemment réduit·e·s au silence, alors que le nombre de morts et de réfugié·e·s a dépassé et continue de dépasser celui de la Nakba de 1948... En nous, en exil, regardons avec douleur nos écrans, observant ce nettoyage ethnique se dérouler, essayant de continuer à avancer dans la solidarité, dans l'action. Tandis que le reste du monde débat sur ce que signifie être témoin de l’horreur.
J'ai grandi complètement imprégnée de cinéma. J'ai passé mon enfance à apprendre la plupart de mes leçons de vie, mon éthique, ma morale, mes pensées, mes idées et mon histoire grâce au cinéma. J'ai assisté à ma première manifestation pour la Palestine alors que j'étais nouveau-née dans les bras de mon père qui avait l'œil rivé sur l'objectif. Si j'ai posé le pied sur ma terre pour la première fois à l'âge de 7 ans, c'est par le cinéma que je l'ai véritablement rencontrée. C'est à travers l'écran que j'ai fait la connaissance de mon peuple. Maintenant, dès que je suis sur mon sol, entourée de mes ami·e·s, de ma famille, de mes pairs, de mon peuple, j'oublie les films, je me perds dans le quotidien. Loin et honteuse, je me souviens des œuvres et des artistes qui m'ont appris à connaître mon pays.
Ces films et cinéastes ont tracé pour moi une voie depuis ma jeunesse jusqu'à ma vie d'adulte d'aujourd'hui. Ils m'ont guidée dans les moments où j'étais la plus perdue, et lorsque j'étais la moins apaisée. Ces cinéastes ont donné le ton à l'art que je consomme, aux pensées que j'ai en regardant les œuvres et aux histoires que je souhaite entendre et partager.
J'ai été profondément déçue par les espaces internationaux dans lesquels j'ai été amenée à naviguer, à vivre et à travailler, et par la manière dont ils ont choisi d'être silencieux. En partageant ces films, je veux d'abord vous enjoindre à faire votre part. Puis, je veux vous rappeler que nous sommes un peuple de multiples, de pouvoir, de pensée, de force, de rire, de colère, de catastrophe et d'existence continue. L'art et le cinéma vous montrent ce qu'ils voient. Je ne crois pas qu'il y ait de meilleur moyen de connaître la voix, l'histoire et la douleur d'un peuple. Regardez donc ces œuvres comme si vous regardiez à travers les yeux des Palestinien·ne·s. Laissez-les vous montrer à quoi ressemblent une humanité et une dignité générationnelles vraies, honnêtes, communes, belles et sacrées.
Laissez le figuier dont les racines ont été arrachées vous montrer qu'il n'est jamais parti, laissez les rires des hommes vous montrer que le temps volé ne peut pas les briser. Laissez ce qui a été et ce qui sera vous rappeler que vous aussi, vous avez le courage de vous souvenir. Et écoutez-nous quand nous disons que nous n'irons nulle part ailleurs que chez nous, que nous reconstruirons tout ce qui a été détruit, et que notre terre et son peuple seront libres, ya Falasteen.
Nada El-Omari
Cinéaste et écrivaine
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