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Les nouvelles voix canadiennes

Les nouvelles voix canadiennes

Plusieurs affirment que le documentaire est la forme d'art nationale du Canada. La preuve de cet argument réside dans l'évolution de la forme documentaire dans ce pays au fil du temps. Dès les débuts de l'ONF, les documentaristes sont passés maîtres dans cette forme d’art liée à l’information. Des séquences d'actualité « objective » racontaient l'effort de guerre, dressaient des portraits de travailleurs, présentaient des images de la vie rurale et donnaient des aperçus exquis du paysage canadien.

Au fil du temps, ces documentaires ont affiné leurs points de vue et utilisé la forme artistique pour faire entendre les voix de communautés situées à la périphérie de notre récit national. Qu'il s'agisse des documentaires issus du programme Challenge for Change, de films réalisés par les femmes via le Studio D ou de la volonté de faire entendre les voix autochtones, le documentaire a toujours été à l'avant-garde de l'autoreprésentation du Canada.

Les cinéastes contemporain.e.s, quant à eux, inaugurent une nouvelle ère de narration authentique en détournant la forme du documentaire. La programmation mise à l’avant-plan sur Tënk donne à découvrir de nouvelles voix et met en lumière des artistes qui utilisent l'esthétique du documentaire pour inviter le public à adopter un regard critique sur le monde dans lequel il vit.

Des cinéastes comme Ryan Ermacora et Jessica Johnson (Labour/Leisure) présentent des films sur les paysages et la classe ouvrière sous un jour nouveau et incitent les spectateur.trice.s à examiner de plus près les dynamiques de pouvoir, les inégalités et ses liens avec le territoire. Des artistes comme Sophy Romvari (Still Processing) proposent des œuvres profondément personnelles et autoréflexives, se mettant à nu tout en considérant le pouvoir que ces images détiennent et la responsabilité qu'implique leur réalisation. De même, Chase Joynt et Aisling Chin-Yee (Un vrai gentleman) innovent en utilisant la nature changeante du cinéma hybride pour attirer l'attention sur les biais liés à l’écriture de l’histoire. Le travail hybride d'Andrea Bussmann et Nicolás Pereda (Tales of Two Who Dreamt) jongle entre les mécanismes de la fiction et du documentaire pour considérer des voix trop souvent gardées hors cadre. Finalement, Antoine Bourges (Fail to Appear) nous rappelle qu'il n'y a pas de meilleur drame que la vie elle-même en créant des histoires interprétées par les personnes qui les inspirent.

C'est un moment passionnant pour le cinéma canadien. Grierson qualifiait le documentaire de « traitement créatif de l'actualité » et aucune génération de cinéastes canadien.ne.s n'a pu offrir à la réalité de telles étincelles créatives.

 

Pat Mullen
Éditeur, POV Magazine

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