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Vivre la Syrie (2011-2023)

Vivre la Syrie (2011-2023)

La situation en Syrie (2011-2023) a été documentée de manière extensive par les Syrien·ne·s qui ont filmé la révolution, la guerre, les contraintes liées à leurs déplacements, en Syrie comme à l’étranger. Si un très grand nombre de vidéos ont par exemple circulé sur YouTube, un certain nombre de personnes sont devenues cinéastes, sans pour autant l’avoir planifié. Le documentaire a connu un véritable essor à cette occasion : ce type de cinéma a été capable de s’imposer depuis 2011 pour des raisons pratiques, sans pour autant nier des raisons éthiques et politiques. Si les cinéastes avaient jusqu’en 2011 des marges de manœuvre au sein d’une industrie cinématographique encadrée par l’État, les choses sont devenues différentes avec le début de la révolution devenue guerre. Les cinéastes ont fait face à une politique de plus en plus répressive où quiconque était pris à filmer a fini par risquer la mort, dans la rue ou en prison. C’est donc dans une configuration entièrement inédite et extrêmement difficile que se sont développées de nouvelles manières de faire du cinéma dans le pays et qu’ont émergé une nouvelle génération de cinéastes qui contestait de manière plus directe le régime et sa politique. Dans ce contexte, les conditions de production étaient particulièrement éprouvantes et il ne s’agissait plus seulement de penser technique cinématographique ou narration : faire des films c’était d’abord apprendre à chiffrer ses disques durs, à cacher son matériel dans son plâtre lorsque l’on voyage, ou encore demander à d’autres de faire des images pour soi lorsque les déplacements étaient rendus impossibles. En somme, faire du cinéma en Syrie c’était développer des stratégies de contournement et créer l’infrastructure permettant à ces films d’exister.

 

Depuis la chute du régime Assad, le 8 décembre 2024, la culture a retrouvé une place dans l’espace public : des films réalisés par des cinéastes syrien·ne·s ont été projetés pour la première fois dans le pays et de nouveaux projets cinématographiques ont ouvertement vu le jour. Dans un pays où l’avenir reste fragile, la reconstruction s’amorce, timide : près de 20 % des exilé·e·s sont rentré·e·s, les familles traquent les traces de leurs disparu·e·s, et une parole se libère, comme la Syrie n’en avait plus connu depuis les décennies Assad, père et fils. Une nouvelle phase s’ouvre pour la création cinématographique syrienne, sur laquelle il vaudra la peine de garder un œil. Cette escale cinématographique revient sur trois documentaires, trois expériences de la Syrie entre 2011 et 2023, capturées par de jeunes cinéastes dont la plupart ont commencé à filmer dès le début de la révolution. Trois regards, à la fois affirmés et délicats, où se dessinait déjà l’espoir d’un autre rapport des Syrien·ne·s à leur pays.

 

Justine Pignato

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